Croire que le BDSM consiste à franchir les limites est une idée fausse assez répandue.
En tant que partenaires BDSM, vous allez idéalement directement à la limite. Peut-être jetez-vous un petit coup d'œil au-delà, mais sans plus.
Au lieu de cela, il s'agit d'explorer l'autre dans le cadre que vous avez défini ensemble, quel que soit le type de BDSM que vous pratiquez.
Alors, comment savez-vous que la limite de votre partenaire est presque atteinte, afin d'éviter de la franchir ?
En utilisant un safeword, autrement dit, un mot de sécurité.
Par conséquent, avoir deux safewords est toujours une bonne idée : l'un qui signifie « nous sommes très proches de ma limite » et l'autre qui signifie « nous avons maintenant atteint ma limite ».
En prime, vous pouvez prévoir un signe d'arrêt, qui signale que le jeu doit être mis en pause si, par exemple, la bouche est couverte ou s'il est trop difficile d'utiliser des mots.
Tout ce qu'il faut savoir sur les safewords dans le BDSM sera fourni dans l'article de blog suivant et vous serez donc prêt·e à explorer le monde BDSM avec votre partenaire.
Avis de non-responsabilité : ce blog est basé sur les mots « dominant·e » et « soumis·e », mais les mots que vous utilisez dépendent entièrement de vous.
Le/la dominant·e Celui ou celle qui garde la situation sous contrôle et guide l’autre durant l’expérience.
Le/la soumis·e Celui ou celle qui se livre et se laisse guider à travers l’expérience.
Quand devez-vous utiliser un safeword ou un signe d'arrêt ?
Un safeword ou un signe d'arrêt est utilisé lorsque votre limite ou celle de votre partenaire est presque atteinte.
Cela signifie qu'il est parfaitement normal de dire non, même lorsqu'il s'agit de BDSM, car il s'agit souvent d'exploration et de défi.
Vos limites peuvent évoluer de jour en jour et d'heure en heure. Entre autres choses, cela dépend du/de la partenaire, de la situation et des émotions.
Une chose à laquelle vous avez déjà dit « oui » peut soudainement sembler trop intense, et une chose à laquelle vous avez déjà dit « non » peut correspondre exactement à ce à quoi vous aspirez.
Par conséquent, les safewords et signes d'arrêt sont là pour garantir le succès de votre jeu.
Des jeux où « stop » ne veut pas dire « stop »
Vous vous souvenez peut-être avoir été chatouillé·e quand vous étiez enfant et avoir crié « Non non non, stop ! » tout en voulant pourtant que cela continue.
Vous pouvez facilement avoir ce type de jeu à l'âge adulte. Cependant, maintenant, les privilèges et les responsabilités d’adulte en font partie. Si vous voulez en savoir plus sur comment construire un jeu BDSM, nous avons un article de blog pour vous.
Si vous choisissez d'utiliser des safewords au lieu de dire « non » ou « stop », vous avez la possibilité de faire semblant que vous n'aimez pas cela et pouvez donc dire des choses comme « non arrête » sans que cela change quoi que ce soit.
Si vous avez besoin d'un mot pour cela, cela s'appelle le « non-consentement consensuel ».
Non-consentement consensuel (Consensual-non-consent : CNC)
Dans le cadre du jeu, il ne s'agit pas d'exprimer du plaisir, mais plutôt le contraire.
Bien que cela ait été convenu au préalable, le/la partenaire donne l’impression de ne pas être consentant·e. C'est ce qu'on appelle le non-consentement consensuel (CNC). Une sorte de jeu du « non ne veut pas dire non ».
L'utilisation du langage corporel seul peut rendre difficile le décodage des signaux d'un·e partenaire. Par conséquent, des safewords sont nécessaires pour que vous et votre partenaire soyez en sécurité pendant le jeu.
Le BDSM n’inclut pas obligatoirement du CNC, mais c'est une option si vous voulez explorer le sentiment de pouvoir dire non pour le plaisir.
Il s'agit de communication et de ce qui excite chacun·e de vous. Si vous voulez jouer avec le CNC, le cadre doit, comme toujours, être convenu à l'avance et vous devez savoir quels safewords s'appliquent.
Confiance mutuelle
Une autre idée fausse est que le/la soumis·e doit avoir une confiance inconditionnelle dans le/la dominant·e, et que le/la dominant·e peut donc faire ce qu'iel veut.
Dans le BDSM (et dans tous les autres actes sexuels), il s'agit de confiance mutuelle.
Pour que le/la dominant·e joue son rôle et que le jeu soit épanouissant, il est crucial que le/la soumis·e prononce le safeword lorsqu'iel se rapproche de sa limite ou l’atteint.
Cependant, cela ne signifie pas que tout est permis tant que le safeword n'est pas utilisé. Les attentes doivent toujours être respectées à la fois avant et après et vous devez vous assurer que tout va bien pendant le jeu. Pour ce faire, vous pouvez notamment demander au/à la soumis·e de dire le safeword afin de s’assurer qu’iel peut encore s'en souvenir et qu'iel est capable de l'utiliser.
Limites personnelles : vous n'êtes pas sensible
La partie la plus difficile pour fixer des limites est la peur de « repousser l'autre personne » ou de reconnaître une défaite. Mais fixer des limites n'est jamais une défaite.
Si vous vous approchez d'une limite, vous pouvez avoir le sentiment d'être « sensible » ou « un·e mauvais·e partenaire », ce qui, bien sûr, n'est pas vrai. Vos limites sont réelles et doivent être respectées par vous-même et votre partenaire.
Lorsque le safeword est utilisé, il est crucial qu'il soit bien reçu et reconnu.
De cette façon, cela augmente la sécurité et la confiance entre vous, et il devient plus facile d'utiliser le safeword une seconde fois.
Changements de limites
Les limites personnelles peuvent être très nuancées et changer d'un jour à l'autre, d'un endroit à l'autre, d'un·e partenaire à l'autre et d'une minute à l'autre.
Même si vous avez un accord clair sur ce qui doit se passer, comment et quand, vos limites ou celles de votre partenaire peuvent encore changer, certaines limites ne deviennent claires que dans la situation.
Le jeu peut soudainement devenir trop écrasant, ou la communication peut aller trop vite, et vous pouvez rarement prédire où se trouve votre limite avec une précision parfaite.
Vous n'êtes donc pas un·e mauvais·e partenaire en disant non.
Au contraire, vous vous rendez un grand service à vous-même et à votre partenaire en marquant votre limite afin que vous soyez tous·tes les deux en confiance pour continuer le jeu.
Souvent, l'utilisation de safewords et de signes d'arrêt aide à établir la confiance entre vous et votre partenaire, car vous pouvez faire confiance à l'autre personne pour dire non si vous atteignez une limite.
Il est difficile de dire non, et c'est quelque chose que vous devez pratiquer. Si vous pouvez ne dire qu'un seul mot ou ne faire qu’un geste de la main, il sera plus facile de dire non dans une situation stressante.
Suggestions pour choisir les safewords dans le BDSM
Dans le BDSM, une distinction est faite entre les safewords verbaux et non verbaux. C'est-à-dire les safewords et les signes d'arrêt.
Avoir un mot qui signifie « attention, je suis proche de ma limite » est également une bonne idée, pour ne pas avoir à interrompre le jeu quand ce mot est prononcé.
Le modèle des feux de circulation
Le modèle des feux de circulation fait partie des choix évidents : vous utilisez donc le ROUGE, l'ORANGE et le VERT comme indicateurs.
ROUGE = ARRÊTER ORANGE = RALENTIR VERT = CONTINUER
Pendant le jeu, le/la dominant·e peut demander au/à la soumis·e « de quelle couleur es-tu ? », ce à quoi le/la soumis·e peut répondre par exemple « vert », s'iel n'est pas proche d'une limite, et le jeu peut continuer.
C'est un moyen de faire le point avec votre partenaire en cours de jeu et de lui rappeler de le faire remarquer.
Bien sûr, il est important de dire rouge ou orange dès que cela devient nécessaire, même si personne ne l'a demandé.
Safewords internationaux
La plupart des gens choisissent un safeword BDSM que vous ne direz probablement pas par accident dans un contexte sexuel comme par exemple « guimauve » ou « ananas ».
Dans la plupart des clubs et associations BDSM en Europe, le safeword le plus courant est CIRQUE (circus).
Si vous oubliez votre safeword, il est tout aussi valable de dire simplement « safeword » ou « mot d’arrêt ».
En lutte, on utilise le « tap-out », qui consiste en deux coups rapides et secs au sol. Il émet un son fort qui le rend plus facile à détecter.
Nous détaillons cela dans la partie suivante, car il existe plusieurs types différents de safewords non verbaux dans le BDSM.
Safewords non verbaux (signes d'arrêt)
Pour certain·e·s, il est difficile d'utiliser des mots directs, car iels deviennent très non verbaux dans un contexte sexuel.
Vous pouvez également vous retrouver dans une situation où il n'est pas possible de parler, par exemple si vous êtes essoufflé·e, si vous avez un bâillon dans la bouche ou si vous êtes allongé·e la tête dans un oreiller.
Vous pouvez être submergé·e de sensations au point qu'il soit difficile de prononcer des mots. Ou il peut vous sembler écrasant de briser le silence avec votre voix.
Ici, la meilleure option consiste à utiliser des safewords non verbaux.
Tap-out
Pour revenir au « tap-out », il peut facilement être utilisé dans le jeu BDSM, en tapant clairement sur le sol, le mur ou tout ce est à proximité de vous pour exprimer « on arrête ça merci », « tu es très près de ma limite », ou « ma limite a été atteinte ».
Le « tap-out » peut être à la fois entendu et vu. De plus, l'avantage est que si vous pouvez atteindre physiquement votre partenaire, vous pouvez utiliser le tap-out sur son corps pour qu'iel le sente clairement.
Signe de la main
Si les safewords non verbaux vous conviennent le mieux, vous pouvez sélectionner des signes de la main spécifiques qui signifient stop.
Par exemple, il peut s'agir d'ouvrir et de fermer rapidement vos mains, ou vous pouvez utiliser le signe classique de la main pour « stop » en étirant le bras devant vous et en pliant le poignet vers le haut, de manière à créer une distance claire.
Dans des situations stressantes, il peut être difficile de dire physiquement stop verbalement, mais avec les safewords non verbaux, vous avez la possibilité de décoder la situation.
Les safewords non verbaux peuvent être plus difficiles à remarquer. Par conséquent, il est important que vous, en tant que dominant·e, soyez attentif·ve en permanence, et que vous, en tant que soumis·e, fassiez le signe aussi clairement que possible.
Astuce : Le tap-out peut également être utilisé pour signaler que quelque chose de plus insignifiant ne va pas. Si votre partenaire a une prise dure sur votre bras, vous pouvez taper sur sa main. Une fois la prise desserrée, le jeu peut continuer sans que l'ambiance ne change radicalement.
Consentement normal
Les safewords dans vos jeux coquins peuvent aussi facilement avoir le sens qu'ils ont déjà : « stop » signifie alors « stop », et « détache-moi » signifie « détache-moi ».
Peu importe que vous choisissiez le safeword « stop » ou « ananas ». Il suffit de le préciser avant le début du jeu pour éviter tout malentendu.
Si vous débutez dans le BDSM, il est particulièrement recommandé de choisir que « stop » signifie « stop ». De cette façon, vous évitez d'avoir à retenir les différents mots et vous vous sentez à l'aise pour dire non.
Bien sûr, il est toujours possible de dire des phrases entières, mais il est bien d'avoir un safeword simple à utiliser pour des raisons de sécurité.
Et après ?
Si vous pensez que ce qui se passe après l'utilisation d'un safeword est incertain et ingérable, vous risquez de ne jamais l’utiliser.
Par conséquent, il est tout aussi important de s'entendre sur ce qui doit se passer lorsqu'un safeword est prononcé que de s'entendre sur le mot lui-même.
Demandez-vous si vous :
- voulez que le jeu se termine complètement et qu’on vous enlace,
- voulez que le jeu ne se termine pas complètement, mais que vous preniez une pause plus longue et que vous évaluiez si vous en voulez plus,
- ne voulez pas être touché·e du tout et plutôt laissé·e seul·e jusqu'à ce que vous demandiez vous-même de l’attention,
- voulez quelque chose de complètement différent qui fonctionne pour vous.
Il peut être difficile de deviner ce dont vous avez besoin dans une situation donnée, mais il est toujours bon de s'entendre sur un point de départ afin que les deux parties aient confiance dans la manière dont la situation est gérée.
C'est la meilleure façon de s'assurer que les deux parties sont à l'aise avec l'utilisation de safewords, car vous savez tous·tes les deux ce qui est exigé de chacun·e de vous dans la situation.
La recette pour s'entendre sur les signaux d'arrêt
Par où commencer et que faire ?
Nous vous proposons une recette en trois étapes simples, pour que vous sachiez facilement et rapidement quoi faire.
1. Choisissez un safeword
Suggestions : STOP, PAUSE, STOP — JE LE PENSE, À L’AIDE, ROUGE, MANGUE, CIRQUE, GUIMAUVE.
Mettez-vous d'accord sur ce à quoi vous vous attendez lorsque le safeword est utilisé.
2. Choisissez un mot d'avertissement
Suggestions : ORANGE, RÉPIT, JE SUIS PRÈS DE MA LIMITE, RALENTIS, MOYEN, ANANAS, PIN.
Mettez-vous d'accord sur ce à quoi vous vous attendez lorsque le mot d'avertissement est utilisé. Souhaitez-vous être un peu plus sous pression ou faut-il au contraire ralentir et que le jeu prenne une autre tournure, mais sans s'arrêter ?
3. Sélectionnez un signe d'arrêt
Suggestions : ouvrir et fermer rapidement les mains, utiliser le tap-out, utiliser le signe de la paix, agiter les deux mains, claquer des doigts, agiter les mains avec les doigts écartés
Mettez-vous d'accord sur ce qui doit se passer lorsque le signe est utilisé. Cela signifie-t-il « attention » ou bien « stop » ? Avez-vous un signe pour chaque mot ?
Faites attention :
Il est difficile d'apprendre à fixer des limites, mais entraînez-vous tranquillement jusqu'à ce que vous soyez sûr·e d'utiliser les signaux d'arrêt dans des situations plus stressantes.
Dire non peut en soi donner l'impression de franchir une limite.
Félicitez toujours votre partenaire pour avoir utilisé un safeword et établi des limites.
Il est important de faire en sorte qu'il soit aussi facile que possible pour votre partenaire d'être honnête avec vous. Pour ce faire, accueillez les mots, les désirs et les besoins qui sont exprimés.
Il est de la responsabilité du/de la dominant·e de s'assurer que vous vous êtes mis d'accord sur des safewords, des mots d'avertissement et un signe d'arrêt.
Il est de la responsabilité du/de la soumis·e d'utiliser les signaux d'arrêt lorsqu'iel ressent qu'iel se rapproche d'une limite.
Le/la dominant·e et le/la soumis·e sont chargé·e·s de s'aider mutuellement à se sentir en sécurité à l'avance et de se rappeler qu'il est normal de dire non en cours de route.
Voici une règle d’or : si vous envisagez d'utiliser un signal d'arrêt, cela veut dire qu’il est temps de l'utiliser. Il vaut mieux dire non trop tôt que trop tard.
Prenez soin l’un·e de l’autre et amusez-vous !